L'équitation au service du bien-être du cheval ?

Quand on voit les nombreux dégâts que l'équitation peut faire sur les chevaux, je veux bien reconnaître qu'il y a là un beau paradoxe. En tant qu'ostéopathe, je vois tous les jours des chevaux abîmés par l'équitation: main trop dure, matériel inadapté, enrênnements, travail dans le stress et la tension, etc.

La plupart du temps, les gens font de leur mieux et ne se rendent pas compte des dégâts qu'ils font, car personne ne leur a expliqué que les chevaux ne naissent pas avec un cavalier sur le dos, et que notre rôle principal en tant que cavalier est de s'assurer qu'il puisse nous porter sans se faire mal.

Le système d'aujourd'hui fait aussi qu'on achète vite notre propre cheval, avant d'avoir appris à monter et à faire nos gammes sur des chevaux "formés".

Et pourtant, je suis profondément persuadée qu'il est possible de mener une équitation qui profite pleinement au cheval. Une équitation qui prend en compte le cheval dans son ensemble, avec ses difficultés et ses forces. Une équitation qui a pour objectif d'aider le cheval à trouver du confort dans le mouvement, à être bien dans son corps au quotidien, et par conséquent à vivre mieux plus longtemps. Une équitation qui encourage le cheval au lieu de le punir, qui valorise le moindre petit effort et qui ne cherche pas la performance à tout prix.

Je fais souvent le parallèle entre l'équitation, plus particulièrement le dressage, et la kinésithérapie. En effet, dans les deux cas, il est question d'équilibrer, de renforcer, de ré-informer l'organisme dans le but d'améliorer la qualité du mouvement.

Les problèmes locomoteurs que l'on rencontre chez les chevaux viennent souvent d'une incompréhension de sa biomécanique. Certains troubles, en fonction de leur gravité, ont bien sûr besoin d'être gérés par des soins vétérinaires, mais beaucoup de chevaux auraient véritablement besoin d'une rééducation par le mouvement.

Les chevaux irréguliers, qui manquent d'équilibre, qui ne tournent pas bien, qui se contractent sous la selle, qui ont mal au dos, qui ont des défenses, qui trébuchent, qui n'engagent pas assez, qui sont trop mous ou trop excités, les chevaux raides ou hyperlaxes,... A mon sens, toutes ces problématiques ne sont pas des fatalités, à condition que l'on accepte de se demander pourquoi elles sont là. Le travail de rééducation posturale propose des solutions à beaucoup de problématiques de locomotion.

C'est dans cette optique là que je vois l'équitation comme un moyen d'optimiser le bien-être du cheval.

Et je ne parle même pas de l'impact que peut avoir le travail physique sur le mental. Je l'ai déjà évoqué lors de certaines publications, mais les deux sont clairement en inter-relation. Peut-être que je ferai un prochain article sur le sujet, qui sait...

Je pense que c'est ce travail de rééducation par le mouvement qui m'intéresse le plus avec les chevaux. Repartir de zéro, accepter que ce ne soit pas parfait, mais s'émerveiller de chaque petit progrès. Voir les chevaux évoluer quand on leur laisse la possibilité de s'exprimer. Partager le plaisir de retrouver de l'aisance dans le mouvement. Se rendre compte qu'ils nous apprennent plus que ce qu'on pense leur enseigner, si on accepte de les écouter.

Camille L.

Ostéopathe équin & enseignante d'équitation